LE DOMAINE EN GENERAL

Leeuwergem est un lieu d’histoire exceptionnel. L'histoire des Seigneurs de Leeuwergem remonte à plus de 1000 ans. Trois châteaux se sont succédés au même endroit : un château moyenâgeux dont nous pouvons voir encore les fondations dans la cave, un château Renaissance et le château actuel datant du XVIIIème siècle.

Au XVIIIème siècle, le domaine de Leeuwergem était la résidence d’été de la famille d’Hane, une des familles les plus influentes à Gand et certainement parmi les plus riches de nos Provinces. Fondateur de l’Académie des Beaux-Arts de Gand, le Comte Pierre Emmanuel d'Hane était un esthète réputé, passionné par l’architecture, les arts et les jardins. Il s’attacha naturellement à embellir son hôtel particulier à Gand (actuellement un musée) et à reconstruire sa résidence d’été en 1764 avec de magnifiques jardins à la française dont les axes de perspective subsistent encore aujourd’hui.

Son fils aîné Emmanuel reprit, à la mort de son père, vingt ans plus tard, en 1786, les destinées de Leeuwergem. C’était un jeune homme avec une personnalité attachante, épris des idées nouvelles venant d’Angleterre et aimant y séjourner. Il était passionné par les jardins et par la botanique, collectionnant les végétaux d’origine exotique. Il entreprit quelques travaux d’embellissement du château (décor de style Adam dans le grand salon et papiers peints de Chine) et surtout, modifia totalement les jardins de son père, en ne gardant que les axes de perspectives. Il créa une succession de bassin dans la perspective principale du parc, des bosquets et un splendide théâtre de verdure réalisé tout en charme, servant d’écrin aux représentations théâtrales ou à des mariages à l’heure actuelle.

Suite au parc classique, il commença à aménager sur une dizaine d’hectares un bois à l’anglaise agrémenté de fabriques originales : une tour astronomique, un obélisque, une cabane, .... Il s’agit d’un lieu exceptionnel. C’est après le domaine royal de Laeken, le jardin anglo-chinois le plus précoce et le plus grand de nos régions. L’espace est naturellement vallonné (23 mètres de dénivellation entre les points hauts et bas du lieu) et recèle neuf sources sur les points les plus hauts. Il put ainsi créer une enfilade d’étangs, des cascades, des ruisseaux formant des tableaux pittoresques et idylliques que le promeneur découvre par surprise au gré de sentiers sinueux. Emmanuel d’Hane faisait partie de la loge maçonnique gantoise « La Bienfaisante ». La conception du bois anglais n’a pas obéi à des seuls critères esthétiques, c’est aussi une œuvre de l’esprit. Nous pouvons voir dans le choix de certaines fabriques une évocation à la symbolique de l’initiation maçonnique.

Malheureusement, les troubles politiques ne lui permirent pas d’achever son grand dessein (plan original des jardins conservé au château). En 1789, Emmanuel d’Hane accueillit des aristocrates français, fuyant la Révolution. Ainsi, la Comtesse de Marsan, gouvernante des enfants royaux de France (dont le futur roi Louis XVI), résida plus d’une année à Leeuwergem. En 1791, les troupes révolutionnaires confisquèrent Leeuwergem et la famille d’Hane s’exila en Angleterre. Ceux qui restèrent furent emprisonnés. Le château subit des dommages considérables : il fut pillé, les parquets arrachés.

Ce n’est qu’en 1797 que Jean-Baptise d’Hane, seul héritier de la famille, racheta le domaine de Leeuwergem à l’Etat français. Il reçut le roi Louis XVIII dans son bel hôtel de la rue des Champs à Gand. Le roi y résida pendant la campagne des cent jours, du 16 mars 1815 jusqu'à la défaite de Napoléon à Waterloo le 18 juin de la même année. Durant son séjour à Gand, le roi se rendit en visite au château de son hôte à Leeuwergem. Jean-Baptiste aménagea au tout début du XIX ème siècle une orangerie et un petit étang miroir à l’arrière du château.

Le château et l’entièreté des jardins appartiennent toujours aux descendants des d’Hane. Ils ont conservé leur apparence d’antan. Les propriétaires actuels, depuis les années 90, se sont attachés à restaurer le parc classique. Ils aimeraient pouvoir restaurer le bois à l’anglaise dans les prochaines années.

Nous vous souhaitons une bonne visite.